Guillaume Tendron

Oiseau nocturne

Matin blafard

Tête dans le brouillard 

Regard hagard

Les yeux rivés dans mon café noir.

Le voile de la protection nocturne s’étire peu à peu.

Le monde se réveille,  l’angoisse de la confrontation avec l’extérieur monte.

Bruits, pollution, agressivité, vitesse, tous ceux-là vont à tombeaux ouverts comme des chauffards.

Ils se suivent comme des moutons de panurges, métro, boulot, conso.

Une course à l’avoir,  le paraître menant au précipice, avec un bolide sans freins, ils appuient encore sur l’accélérateur au bord du ravin.

La tarentule du profit les a pris dans sa toile et leur inocule insidieusement son élixir venimeux. 

Ils sont addicts à la possession,  du toujours plus, toujours plus loin, toujours plus haut,  toujours plus fort, toujours plus, plus, plus.

L’overdose est proche.

Moi je resterais bien sous la couette comme un flémard.

Dans l’obscurité, silence profond, en marge de ce monde, peinard.

Crépuscule libérateur, la tempête se calme jusqu’au lendemain, l’infernal manège s’arrête pour un temps, le train fantôme est à l’arrêt,  les croque-morts et les fossoyeurs sont de retour dans leurs foyers.

Alors,  animal nocturne je sors de ma tanière je sors, à la lueurs des réverbères pour respirer et écouter le silence salvateur qui comme une pluie céleste lave mon esprit de tout ce tourbillon.

Mes neurones s’activent pour composer quelques vers jusqu’au matin  suivant.

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