Guillaume Tendron

France - Afrique

Réfugié dans ton pays, tu m’appelles sans-papiers, saches  que quand tu viens chez moi on t’accueille les bras ouverts.

Tu dis que je suis venu chez toi pour voler ton travail, saches que chaque jour je balaye ta rue, ramasse ta poubelle, nettoye ta m…..je fais toute les tâches ingrates, métiers pénibles que les français de souches ne veulent plus faire. 

Saches que tes ancêtres lorsqu’ils sont venus chez moi ont tout pris, ont tout exploité avec la complicité de quelques édiles locaux qui ont vendus : frères,  sœurs, enfants. Cela dure encore aujourd’hui,  la France Afrique est une réalité.

Si je suis venu chez toi, ce n’est pas par plaisir ou par envie,  c’ est juste pour survivre et faire survivre les miens car chez moi tu as tout saccagé:  forêt primaire, animaux sauvages tués pour ton bon plaisir….enfants exploités dans les mines de métaux précieux pour que ton téléphone portable puisse fonctionner.

Des frontières arbitraires tu as érigé là où jadis les peuples nomades pouvaient librement circuler pour faire paître leurs animaux en toute liberté.

Chez moi ma culture tu as piétiné, les œuvres d’art et objets sacrés des dogons tu as volés pour les mettre sur les étagères des remises poussiéreuses de tes musées. Mes ancêtres n’étaient pas les gaulois comme tu me l’ as forcé à apprendre dans tes écoles,  nos dieux n’étaient pas ton dieu que tu m’as forcé à adorer dans tes églises.

Thomas Sankhara, Patrice Lumumba, Osendé Afana et beaucoup d’anonymes s’étaient rebellés. Tes barbouzes et tes généraux les ont fait taire à jamais. Des hommes de paille ont été installés pour continuer tranquillement à nous voler.

Aujourd’hui, tes portes me sont fermées, par la fenêtre je suis rentré et tous les jours tu veux me chasser. Saches  que je ne suis pas ici de gaité de cœur, des miens et de mon pays saccagé je suis éloigné, nous n’avions rien demandés.

Aujourd’hui tu sembles étonné lorsque mes frères restés au pays demandent à tes hommes de mains, tes banquiers et tes administrateurs de partir. Ce n’est que justice. Mêmes si d’autres hyènes et charognards venus de l’est sont venus pour finir la curée.

Penses à tout cela, avant d’émettre un jugement sur moi quand tu verras ma tente plantée pas loin du port qui me permettra d’aller tenter ma chance ailleurs, toujours plus loin de l’autre côté. Penses à tout ça quand tu iras mettre ton bulletin dans l’urne, les loups sont de retour chez toi ne l’oublie pas. 

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