Guillaume Tendron

Tour de France

Madame X à 80 ans et des poussières. Elle ne s´en souvient plus. Comme dans la chanson du Grand Jacques, elle va du lit au fauteuil et puis du lit au….

Juillet est une parenthèse. Elle part en vacances sur les routes de France. Voyageuse immobile, elle file à travers la grande fenêtre. 14h00, elle allume le poste. C’est le départ de l’étape.

Elle ne se passionne plus pour les coureurs d’ aujourd’hui. Tous dopés ! râle-t-elle, ne mâchant pas ses mots.

Parfois entre deux publicités, ils repassent des images d’avant en noir et blanc. On y voit la caravane du tour, Yvette Hörner et son accordéon. Les héros d’antan, les rois de la petite reine sont vaillants : Fausto Coppi, Anquetil, Merckx, le blaireau Bernard Hinault et Poupou toujours bon deuxième.
Ça lui fait plaisir à mémé. Ça lui rappelle le temps de la première télé quand tous les copains et les gens du quartier venez à la maison pour regarder le tour et prendre l’apéro après l’usine. Que-est-ce qu’on a pu rigoler.

Maintenant depuis que pépère est parti, le pauvre, elle court en solitaire, gravi les cols, franchit les étapes. Bientôt la dernière; philosophe, elle l’attend sans sourciller. Bientôt, elle le sait elle sortira de la piste.
Ce qu’elle aime, ce sont les paysages, tous les jours des nouveaux : la mer, la montagne, le tour Malet, les champs de blé, les petits villages. Tout son beau pays, et voilà aujourd’hui, Paris et les Champs Elysées.

Elle aime aussi les gens qui, sur les bords de la route, encouragent les cyclistes. Ils s’époumonent en gueulant « Vas-y machin tu tiens l’bon bout ».
Elle râle aussi quand son chouchou perd du terrain. Il est de chez nous et bien vaillant. C’est pour cela qu’elle le supporte. Cette année il arbore un maillot blanc à pois rouge, il finira meilleur grimpeur.

Ça y est, bientôt l’arrivée, le sprint final, après cette échappée mémé c’est endormi. Elle rêve déjà à l’étape de demain.

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