Guillaume Tendron
Il est 11 heures du mat et j’ai du mal à me lever, je devrais aller bosser mais mon usine a fermé, y a plus d’ouvrage dans ce bled paumé même la mission pôle emploi a fermé.
Tic-tac tic-tac le temps passe.
Il est midi passé, toujours du mal à me lever, j’arrive enfin à me motiver pour aller boire un verre au café d’à côté, trouver quelqu’un à qui parler et peut être plus si affinités.
Manque de bol je tombe nez à nez avec un panneau, fermé pour une durée indéterminée.
Eh ouais, le patron a fini scirosé à force de s’ennuyer et voir personne dans son café.
Tic-tac tic-tac le temps passe.
Alors je me dis je vais passer à la boulangerie il y a là-bas cette petite caissière et un gâteau à la crème pâtissière, aux deux j’aimerais bien goûter.
Malheureusement elle a été licenciée, trop peu de clients pour la garder. Reste la crème pâtissière, un peu fade pour faire passer la journée.
Tic-tac tic-tac le temps passe il n’y a rien à faire hélas.
Quatre heures, l’heure de la sortie des classes, j’irai bien chercher mon fils à l’école du quartier. Je trouve porte close, mon ex ne m’a pas prévenu, l’école primaire l’académie l’a fermée à la dernière rentrée.
Tic-tac tic-tac le temps passe, n’y a plus personne à voir hélas.
Je rentre chez moi, complètement dépité.
Plus de travail, plus de café, la caissière envolée et l’école fermée. N’y a vraiment plus rien qui me retient dans ce bled paumé. Dans un sursaut, je prends mon sac à dos et je me dis « faut me tailler d’ici avant d’y laisser ma santé ».
Je me rends à la gare, une borne m’accueille, elle est hors service elle ne donne plus de billet. Je me pointe à l’arrêt de bus, une feuille indique qu’il est supprimé. Ici tout devenu compliqué même quand tu veux te barrer.
Tic-tac tic-tac, le temps passe, attend que je trépasse.
Peu à peu le temps a passé, le temps des élections et des fausses promesses est arrivé, le maire et le député à ma porte se sont cassé le nez. Un écriteau leur a précisé : usine fermée, bar fermé, école fermée, guichet de gare fermé et bus annulés. A quoi vous servez ? Ce n’est plus la peine de me réveiller pour me dire d’aller voter.
Tic-tac Tic-tac le temps passe, attend que je m’efface.